Le mélomane n’était pas, à l’origine, le paisible amateur de musique que le mot nous évoque aujourd'hui. C’était bel et bien un malade mental, victime de la maladie de la mélomanie, et qui relevait davantage de l’hôpital psychiatrique que de la salle de concert. Certains en sont morts. C'était celui qui est fou de musique, celui qui éprouve un amour excessif pour la musique, comme le définissait Littré. Car la manie, qu'elle soit dirigée vers la musique, vers la propreté ou la bière trappiste, relevait de la médecine, c’était, selon Furetière une maladie, causée par une rêverie avec rage et fureur sans fièvre, qui provient d'une humeur atrabilaire engendrée par adustion de la bile, de la mélancolie ou du sang. Vous voilà prévenus, amis mélomanes, gare aux excès et à l’addiction.

 

L’internaute peut, lui aussi, sombrer rapidement dans l’addiction. Le malheureux passe ses journées devant un écran, sautant, surfant frénétiquement de page en page, grappillant ça et là mille informations qu’il n’a pas le loisir de trier, d’ordonner et de digérer. Lorsqu’il est privé d’ordinateur, il devient dépressif, il frappe sa femme et ses enfants, il sombre dans la neurasthénie, ou il tourne en rond dans son salon en tenant des propos insensés et en hurlant des imprécations. C’est également un grand malade.

 

Lorsque le mélomane se double d'un internaute, il devient un mélonaute qui utilise sa seconde manie pour alimenter la première et accroître ainsi son mal dans une spirale infernale sans aucun espoir de guérison ni même de rémission. Et non content de souffrir seul de ces pathologies lourdes, il cherche des esprits faibles pour les partager. Ainsi il créée un blog qu’il appelle Le Mélonaute. Et il est heureux de vous y accueillir. Bien sûr, c’est encore en travaux, il faut tapisser les murs, accrocher quelques tableaux, disposer ça et là quelques plantes vertes et réparer un peu la toiture, mais cela se fera au fil du temps. Amis mélonautes, maniaques de musique et d’Internet, vous êtes ici chez vous. Attention à la marche.